dimanche 13 mars 2016

Pétrole. Les rois du pétrole saoudiens creusent leur propre tombe

La politique abusive des prix qui vise à éliminer les concurrents sur le marché du pétrole a mené Riyad à sa propre chute.

En 2014, l'Arabie saoudite a décidé de baisser les prix du pétrole afin d'expulser la Russie des marchés européens et asiatiques et en même temps de porter un coup dur à l'industrie du pétrole de schiste américaine.
Cependant, sans surprise, un tel jeu irresponsable a eu un effet boomerang en frappant l'Arabie saoudite et son peuple, note le politologue russe Petr Lvov.
"Ils (la dynastie saoudienne, ndlr) ont décidé qu'ils étaient totalement en mesure de punir Moscou pour son soutien persistant au peuple syrien et son effort pour développer les relations bilatérales avec l'Iran et même l'Irak, des Etats qui pourraient former un arc chiite capable de défier le monde sunnite, et même renverser la tyrannie du régime saoudien", écrit M. Lvov dans un article pour la revue en ligne Outlook New Eastern de l'Institut d'études orientales de l'académie des sciences de Russie.
 
Bien que la Russie ait été frappée par la chute des prix du pétrole, elle a "gardé la tête haute" et a prouvé qu'elle était "plus résistante que l'Arabie saoudite, qui ne produit rien d'autre que des hydrocarbures, et qui est entièrement dépendante de la main-d'œuvre pas chère de l'Asie", souligne l'expert. M. Lvov attire l'attention sur le fait qu'en 2016 Riyad s'est retrouvée à court d'argent étant incapable de payer les travailleurs étrangers. D'autres royaumes du Golfe dépendant du pétrole sont maintenant dans le même bateau que l'Arabie saoudite.
Il note, que la proportion de population locale face aux étrangers dans les monarchies du Golfe peut entraîner des troubles sociaux.
"Au Qatar, il y a sept migrants travailleurs par citoyen, alors que dans les Émirats arabes unis ce niveau oscille à environ six pour un. Et on remarque que l'armée et la police peuvent se retrouver impuissantes face à des centaines de milliers de gens mécontents. En fait, une menace de +révolution+ flotte dans l'air ", constate M. Lvov.

Mais ce n'est pas la fin de l'histoire.

Dans un de ses derniers articles pour la même ressource, l'analyste politique américain Phil Butler a posé la question de savoir si l'industrie pétrolière de l'Arabie saoudite pouvait s'écrouler. Selon l'analyste politique américain, il y a des signes clairs que Riyad va manquer de brut. Le champ pétrolier de Ghawar, le plus gros gisement de pétrole, apparemment s'épuise après 65 ans de production continue.
Dans ce cas, qu'est-ce que l'avenir nous réserve pour le royaume du Golfe?
"L'Arabie saoudite va revenir à un statut de pays du tiers monde, presque médiéval", estime l'analyste américain.
Au lieu de donner le coup d'envoi de cette course pétrolière dangereuse, Riyad aurait dû commencer à diversifier sa mono-économie pétrolière.
Pour compliquer encore les choses, l'Iran fait son retour sur la scène mondiale ce qui rendra plus difficile pour les Saoudiens la manipulation des prix du pétrole.
"Dès que les sanctions contre l'Iran seront levées, Téhéran va se battre pour sa part de marché en augmentant ses taux de production de pétrole et ses exportations… Avec des marchés internationaux déjà saturés, les experts craignent que nous puissions témoigner d'un nouveau cycle de chute des prix", note M. Lvov.
Apparemment, l'Arabie saoudite ne peut pas se permettre de poursuivre sa politique abusive des prix, car c'est la survie de l'Etat tout entier qui est maintenant en jeu. Peut-être est-ce la raison pour laquelle l'Arabie Saoudite prend des mesures en vue de coopérer avec la Russie, un autre leader sur le marché du pétrole.

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