dimanche 2 juillet 2017

"Les USA affronteront la Russie et l'Iran"(Washington Post)

Le journal Washington Post juge "indispensable" l'intervention militaire des États-Unis et d'Israël en Syrie.
Parallèlement à l'avancée fulgurante des forces syriennes et de la Résistance sur le champ de bataille en Syrie, la presse américaine semble avoir commencé à préparer l'opinion à une action militaire directe en Syrie. "L'ingérence militaire US et israélienne s'avère parfois nécessaire. Et le cas syrien semble de plus en plus faire partie de ces nécessités, affirme le journal qui revient comme pour justifier son argument, sur le récent abattage d'un chasseur syrien par les chasseurs américains dans le sud de Raqqa : " Le fait d'abattre un chasseur syrien constitue en effet le premier acte de guerre US en Syrie. Les États-Unis n'ont d'autres choix en réalité que de défendre leurs intérêts, note le journal sans expliquer en quoi réside les intérêts américains au cas d'une ingérence militaire directe qui la mettrait face aux puissants alliés de Damas à savoir l'Iran et la Russie.

Le passage frontalier d'al-Tanf où les forces américaines sont déployées.©aviationintel.com
Le passage frontalier d'al-Tanf où les forces américaines sont déployées.©aviationintel.com
Soucieux de ménager l'opinion américaine qui a élu Trump sur ses promesses de mettre fin au militarisme et au bellicisme US à travers le monde, le journal prétend toutefois :" Ceci dit, l'administration Trump fera tout pour éviter une confrontation militaire directe avec les Iraniens et les Russes. Quant à Israël, il s'efforce de préserver dans la mesure du possible sa neutralité en Syrie".
La "neutralité israélienne" dont le journal parle n'a en vérité jamais existé, les Israéliens ayant apporté depuis 2011 leur appui latent aux terroristes takfiristes dans la région du Golan occupé. Depuis une dizaine de jours et après les échecs successifs des terroristes dans le sud de la Syrie, Israël s'est engagé directement dans les combats et bombarde presque quasi quotidiennement les positions de l'armée syrienne et de ses alliés dans le sud du pays. 
Les forces US à Al-Tanf (Archives)
Foreign Policy prédit de son côté "une guerre totale" en Syrie et en énumère les signes. Selon le journal, la Syrie est répartie depuis 2012 en des "régions encerclées" : " la situation s'est toutefois nettement dégradée depuis septembre 2015 quand la Russie s'est militairement engagée dans les combats, ôtant de facto aux "rebelles" toute possibilité de réussir. La précieuse aide iranienne et russe a permis à Assad de reconquérir les villes clés de Homs et d'Alep. Vint ensuite l'accord sur la formation des zones de désescalade signée par la Russie, l'Iran et la Turquie, accord qui a permis à l'armée syrienne de se concentrer sur des combats dans l'est du pays. Damas est désormais en phase de reprendre le terrain perdu et se montre de plus en plus présent dans des batailles où il était absent : la bataille des Kurdes syriens, celle des Arabes du sud ou encore la bataille contre Daech".
Et l'article de poursuivre :" Damas et Téhéran partagent des intérêts communs : l'Iran veut établir un corridor terrestre reliant l'est de la Syrie à l'Irak tandis que la Syrie veut rétablir sa présence sur ses frontières orientales. C'est pour cette raison que l'avancée des forces syriennes et leurs alliés se poursuit parallèlement sur deux fronts : autour de Palmyre et dans le sud d'Alep. Ce second front a été le théâtre de frictions avec les États-Unis qui ont abattu un SU-22 syrien alors qu'il était en pleine mission contre les Kurdes.
La rivalité bat son plein donc entre les pays qui soutiennent les parties en présence : Moscou fait partie intégrante des forces pro-syriennes qui avancent vers l'Est. Son aviation a une présence plus qu'active à Palmyre. En 2016, les États-Unis ont créé des bases dans l'Est pour former les forces arabes syriennes. Il s'agissait d'impliquer ces forces aux côtés des Kurdes pour libérer Raqqa des mains de Daech, et ce, avant l'armée syrienne.
Mais les choses ne se sont pas déroulées de cette manière. Damas, le Hezbollah et d'autres groupes liés à l'Iran ont attaqué le 9 juin le point de passage d'al-Tanf sur les frontières avec l'Irak et ont coupé la voie d'approvisionnement des rebelles pro-américains. Une ligne a été créée de facto qui sépare les anti-Assad du Sud, des Kurdes soutenus par Washington au Nord. Si les Arabes et les Kurdes veulent briser cette ligne, il faut que le Pentagone les aide, car sans cet appui, ils ne pourront venir au bout de l'Iran et de ses alliés.
Les toutes dernières informations font état d'un renforcement des forces US à al-Tanf. Les USA viennent de créer une nouvelle base à Zakaf, à 50 miles du Nord-ouest d'Al Tanf. Les missiles HIMARS ont été installés dans le Sud syrien pour permettre aux États-Unis de frapper cibles lointaines au cœur de la Syrie. 
Les missiles HIMARS ( Archives)
La vraie bataille se déroule donc sur terre et la province pétrolifère de Deir ez-Zor en constitue le nerf : le récent avertissement de Poutine aux États-Unis qui met en cause " l'activité aérienne US dans l'est de l'Euphrate" signifie-t-il que Washington devra restituer les régions de l'est à l'Etat syrien? Et quelle sera la réponse de Washington?
La Russie n'a aucun intérêt à soutenir à l'Est de la Syrie où elle ne contrera certainement pas son allié iranien. Il pense peut-être que Washington n'ira pas jusqu'au bout... Mais quoi qu'il en soit, il existe un maillon perdu dans toute cette affaire : la volonté politique US. Le président américain devrait se rendre à l'évidence : la Russie cherche à contrôler le ciel syrien tandis que l'Iran veut dominer la terre en Syrie. Si Trump est décidé à changer cet état de choses, il ne peut qu'en découdre aussi bien avec l'Iran qu'avec la Russie. C'est donc ou la guerre ou la marche arrière. Il n'existe, aucunement, une troisième voie ...  

Source : Presstv